Pourquoi tant de sites WordPress sont insupportablement lents
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Pourquoi tant de sites WordPress sont insupportablement lents

11 décembre 20255 min de lecturePar Ahmad Al-Kardali
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Pourquoi tant de sites WordPress sont insupportablement lents

Un client m'a contacté parce que son site WordPress mettait "un peu de temps" à charger. J'ai ouvert la page d'accueil sur mon téléphone. Douze secondes avant de voir quoi que ce soit. Douze secondes, c'est une éternité sur le web.

J'ai fait un audit rapide. 27 plugins installés. Des images de 8 Mo chacune. Un thème premium bourré de fonctionnalités dont il n'utilisait que 10%. Un hébergement partagé à 6 francs par mois avec 300 autres sites sur le même serveur.

En quatre heures de travail, le site chargeait en 1,8 seconde. Aucun changement visuel, aucune fonctionnalité retirée. Juste des corrections techniques que n'importe qui aurait pu faire.

Voici les problèmes que je vois sur presque tous les WordPress lents.

L'hébergement cheap tue les performances

Le piège classique : acheter le pack hébergement le moins cher possible parce qu'"un hébergement, c'est un hébergement". Résultat : un serveur partagé entre 200 à 500 sites, avec des ressources minuscules et des temps de réponse catastrophiques.

Un serveur qui met 800 millisecondes juste pour répondre "OK, j'ai reçu ta demande" avant même de commencer à charger quoi que ce soit, c'est rédhibitoire. Pour comparaison, un bon serveur répond en 50 millisecondes.

J'ai migré le site du client de son hébergeur à 6 francs vers Infomaniak (25 francs/mois). Même site, mêmes fichiers, même WordPress. Le temps de chargement a été divisé par deux. Juste grâce à un serveur correct.

La différence de prix : 19 francs par mois. La différence de résultat : +50% de vitesse minimum, souvent plus. C'est l'optimisation la plus rentable que vous puissiez faire.

Si votre hébergeur ne spécifie pas combien de ressources CPU et RAM vous avez, c'est mauvais signe. Les bons hébergeurs WordPress (Infomaniak, Cyon en Suisse) indiquent clairement les specs et n'entassent pas 500 sites sur le même serveur.

Les plugins accumulés tuent le site à petit feu

WordPress rend l'installation de plugins tellement facile qu'on en installe sans réfléchir. Besoin d'un slider ? Plugin. Besoin d'un formulaire ? Plugin. Besoin d'icônes sociales ? Plugin.

Le site du client en avait 27. Je lui ai demandé à quoi servait chacun. Pour 8 d'entre eux, il ne savait même pas. "Je crois que c'était pour tester quelque chose il y a deux ans". Ces 8 plugins restaient actifs, chargeant leur code sur chaque page, ralentissant le site pour rien.

Autre découverte : trois plugins différents pour optimiser les images. Ils ne se désactivaient pas mutuellement, ils tournaient tous les trois en même temps, probablement en se marchant dessus.

On est passés de 27 à 11 plugins. Même fonctionnalités, même apparence. Le gain de vitesse : environ 25%.

La règle simple : chaque plugin actif ralentit votre site. Gardez uniquement ceux qui sont vraiment nécessaires. Si vous ne savez pas à quoi sert un plugin, désactivez-le et voyez si quelque chose casse. Si rien ne casse, supprimez-le.

Certains plugins sont particulièrement lourds. Jetpack en mode complet charge une tonne de fonctionnalités dont vous n'avez probablement pas besoin. Revolution Slider pèse des mégaoctets pour faire des diaporamas que personne ne regarde. Page Builder sans limite encourage à créer des pages surchargées.

Les images non optimisées représentent 70% du poids

L'erreur la plus fréquente et la plus coûteuse. Le client avait engagé un photographe professionnel qui avait livré de magnifiques photos en résolution maximale. Le développeur les avait uploadées telles quelles dans WordPress.

Résultat : des fichiers JPEG de 5 à 8 Mo par image. La page d'accueil avec 6 photos chargeait 40 Mo de contenu. Quarante mégaoctets. Sur une connexion mobile moyenne en Suisse, c'est 15 secondes de chargement rien que pour les images.

La solution : convertir toutes les images en WebP et les compresser à 100-200 Ko maximum. Pour le web, la différence de qualité visuelle est imperceptible, mais le poids est divisé par 40.

Il existe des plugins WordPress qui font ça automatiquement (ShortPixel, Imagify). Vous téléchargez vos images normalement, le plugin les compresse à la volée. En une heure, toutes les images du site étaient optimisées.

Le gain : le poids total de la page d'accueil est passé de 42 Mo à 2,1 Mo. Le temps de chargement mobile a été divisé par 6.

Les thèmes premium bourrés de fonctionnalités

Les thèmes WordPress premium se vantent souvent d'inclure "50 démos différentes" et "1000 options de personnalisation". Le problème : tout ce code est chargé, même si vous n'utilisez que 5% des fonctionnalités.

Le client utilisait un thème Avada acheté sur ThemeForest. Excellent thème, mais massif. Il chargeait du code pour des fonctionnalités qu'il n'utilisait pas : mega menu, parallax scrolling, animations complexes, formulaires avancés.

On est passés à GeneratePress, un thème beaucoup plus léger. Il a fallu recréer quelques éléments visuels, mais au final le site avait exactement le même look, juste avec 80% de code en moins.

Si vous tenez à garder votre thème premium, la plupart offrent des options pour désactiver les fonctionnalités non utilisées. Creusez dans les réglages et désactivez tout ce dont vous n'avez pas besoin.

La mise en cache absente ou mal configurée

WordPress génère vos pages dynamiquement à chaque visite. Ça signifie que le serveur refait tout le travail de zéro pour chaque visiteur : récupérer les données en base, construire la page, appliquer le design.

La mise en cache stocke une version statique de vos pages et la sert directement aux visiteurs, sans reconstruire quoi que ce soit. Le gain de performance est massif : souvent x5 à x10.

Le site du client n'avait aucun système de cache. On a installé WP Rocket (plugin payant, 60 francs/an) et configuré les options de base. Effet immédiat : le serveur ne galère plus à reconstruire chaque page, il sert une version pré-construite.

Il existe des alternatives gratuites (WP Super Cache, W3 Total Cache), mais WP Rocket est simple à configurer et fait le travail sans effort. Pour 60 francs par an, c'est largement rentable.

Les bases de données encombrées

À chaque modification d'article, WordPress crée une révision. À chaque installation de plugin, des tables sont ajoutées. Après deux ans d'utilisation, la base de données du client contenait 1400 révisions d'articles et 80 tables de plugins désinstallés depuis longtemps.

Tout ce bazar ralentit les requêtes. Nettoyer la base régulièrement améliore les performances. Le plugin WP-Optimize fait ça automatiquement : supprime les révisions anciennes, nettoie les tables inutilisées, optimise la structure.

Le gain de performance est moins spectaculaire que pour les images ou l'hébergement, mais ça compte. Environ 5 à 10% de vitesse en plus sur un site WordPress ancien.

Les scripts qui bloquent le rendu

WordPress et ses plugins chargent souvent du JavaScript et du CSS en tête de page, ce qui bloque l'affichage jusqu'à ce que tout soit téléchargé. Le navigateur ne peut rien afficher avant que ces fichiers soient complètement chargés.

La solution : différer le chargement des scripts non critiques. Ça se configure dans WP Rocket ou avec un plugin dédié. Les scripts nécessaires à l'affichage se chargent immédiatement, le reste attend que la page soit visible.

C'est technique, mais WP Rocket a une option "charger le JavaScript en différé" qui fait 80% du travail automatiquement. Le gain : la page s'affiche plus vite, les scripts se chargent ensuite en arrière-plan.

Les résultats sont immédiats

Le site du client est passé de 12 secondes à 1,8 seconde en une demi-journée de travail. Les corrections principales :

Changement d'hébergeur : 19 francs/mois supplémentaires, +50% de vitesse. Nettoyage des plugins : de 27 à 11, +25% de vitesse. Compression des images : 42 Mo à 2,1 Mo, temps mobile divisé par 6. Installation de WP Rocket : 60 francs/an, gain x5 sur la génération des pages.

Le trafic du site a augmenté de 40% en trois mois. Non pas parce qu'on a fait du SEO ou de la publicité, mais simplement parce que les visiteurs ne partaient plus avant que la page ne charge. Un site rapide retient les visiteurs, un site lent les fait fuir.

Si votre WordPress est lent, vous perdez de l'argent tous les jours. Les corrections ne sont ni complexes ni coûteuses, elles demandent juste de prendre le temps de les faire.

Tags :#WordPress#Performance#Optimisation web#Vitesse de chargement
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